On peut distinguer les anémies hémolytiques régénératives des anémies arégénératives micro, macro ou normocytaires.
Les formes non hémolytiques ont des causes multiples : carences en fer ou en vitamines B9 et B12, insuffisances rénales chroniques, maladies inflammatoires ou endocriniennes, la malnutrition et les désordres médullaires acquis.
Aux urgences, penser toujours à éliminer une hémorragie (aigue ou chronique) ou une hémolyse aigue.
I. DIAGNOSTIC ET CLASSIFICATION :
L’anémie est définie comme la réduction du taux d’hémoglobine (Hb) dans le sang. Le seuil, exprimé en g/l ou g/dl, est variable selon le sexe et l’âge :
Ces seuils ne sont pas valables en cas d’hémodilution sanguine ou d’hémoconcentration évaluées par l’hématocrite (Hte normale + ou - 45%).
On distingue 2 mécanismes des anémies :
Les symptômes ne sont pas pathognomoniques, ils sont variables selon la sévérité et la rapidité de l’installation : pâleur cutanéomuqueuse, asthénie, dyspnée d’effort, tachycardie, hypotension orthostatique, retard de croissance chez l’enfant.
L’examen clinique peut orienter le diagnostic étiologique : ictère, hépato-splénomégalie, adénopathies, saignements digestifs ou gynécologiques, thrombopénie, syndrome inflammatoire, néoplasies, infections.
Examens complémentaires :
NOMENCLATURE ET VALEURS NORMALES | |
VGM (ou MCV) : Volume Globulaire Moyen | Normocytaire entre 80 et 100 fl (µ3) Microcytaire < 80 fl (µ3) Macrocytaire > 100 fl (µ3) |
CCMH (TCMH) : Concentration Corpusculaire Moyenne en Hémoglobine | Normochrome entre 32 à 36 g/dl Hypochrome < 32 g/dl |
TGMH : Teneur Globulaire Moyenne en Hémoglobine | Valeur normale : 27 à 32 pg par cellule |
Réticulocytes : Érythrocytes non matures | Anémie régénérative si ≥120.000/mm3 |
II. ORIENTATION ÉTIOLOGIQUE :
Selon le taux des réticulocytes on distingue :
ANÉMIES MICROCYTAIRE (VGM < 80 fl) | |
Ferritine abaissée |
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Ferritine normale ou élevée |
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Les anémies ferriprives par carence en fer sont les plus fréquentes :
ÉTIOLOGIES DE L'ANÉMIE NORMO OU MACROCYTAIRE : | |
Arégénérative, Réticulocytes < 100.000/mm3 |
Anémie inflammatoire, éthylisme, hypothyroïdie, insuffisance rénale, hémodilution (cirrhose, grossesse). Syndrome myélodysplasique. Leucémie. Aplasie médullaire. |
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Régénérative, Réticulocytes > 120.000/mm3 |
|
L’anémie chronique peut être secondaire à différentes pathologies :
III. TRAITEMENT DES ANÉMIES :
1. Anémies ferriprives :
Traitement de la cause et apport du fer.
Le fer est mieux absorbé à jeun en milieu acide (jus d’orange par exemple), par contre les IPP, les antiacides, le thé et le café diminuent son absorption.
FER | Adulte : Comp/Gélule 150 à 200 mg/j à jeun Enfant : Sirop/Susp. Buv. : 5 à 10 mg/kg/jour |
Durée : 4 à 6 mois |
FER + ACIDE FOLIQUE | Grossesse : 1 prise/jour | Durant la grossesse |
VENOFER® - FER VIATRIS® en perfusion avec NaCl 0,9%
Indiqué dans le traitement de l'anémie par carence martiale dans les cas suivants :
2. Anémie inflammatoire :
3. Anémie par hémorragie :
Rechercher la cause (en particulier digestive, gynécologique, surdosage en anticoagulants). Arrêter le saignement, transfusion.
4. Anémie par carence en vitamine B12 :
Rechercher la cause (gastrite atrophique ou anémie de Biermer), supplément en Vit B12 injectable.
CYANOCOBALAMINE (VITAMINE B12 ) Amp. 1 mg injectable IM |
1 mg/jour ou 3 fois/semaine jusqu’à 10 mg puis 1 mg/mois à vie. |
- Contre Indication : allergie. - Déconseillé : grossesse, allaitement |
UN AVIS SPÉCIALISÉ EN HÉMATOLOGIE EST RECOMMANDÉ SI :
o Anémies hémolytiques,
o Hémoglobinopathies,
o Étiologie non évidente
o Ou lors d’une mauvaise évolution malgré le traitement adapté.
LES INDICATIONS DE TRANSFUSION :
o État de choc hémorragique +++
o Hémoglobine ≤ 70 g/l,
o Hémoglobine ≤ 80 g/l chez le malade à risque (exemples : insuffisance cardiaque, coronarien, insuffisance respiratoire).
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L’état de choc est défini comme une défaillance circulatoire aiguë systémique engageant le pronostic vital. Il regroupe l’ensemble des syndromes associant une réduction brutale du volume sanguin effectif avec altération du transport et de la délivrance des substrats énergétiques et aboutissant à une hypoxie tissulaire [1][2].
Schématiquement, on distingue quatre grandes catégories d’états de choc de mécanisme différent :
La prise en charge est différente selon l’étiologie.
CLASSIFICATION DES ÉTATS DE CHOC | |||
Hypovolémique | Cardiogénique | Obstructif | Distributif |
Baisse du DC* Diminution du VES** par baisse du volume intravasculaire absolu. |
Baisse du DC* Diminution du VES** et/ou de la fréquence cardiaque par défaillance cardiaque intrinsèque, |
Baisse du DC* Diminution du VES** par obstacle au remplissage ou à l’éjection cardiaque. |
Altération de la distribution tissulaire du DC* |
|
|
|
|
* DC : débit cardiaque – ** VES : volume d’éjection systolique |
I. LES ÉTAPES DE LA PRISE EN CHARGE :
II. DIAGNOSTIC DES ÉTATS DE CHOC :
Le diagnostic clinique repose surtout sur les signes d’hypoperfusion tissulaire et sur l’hypotension artérielle, mais, attention, l’hypotension peut être compensée au début. D’autres éléments sémiologiques, le contexte et les examens complémentaires sont utiles pour rechercher l’étiologique.
Pression Artérielle Moyenne (PAM) = (PAS + 2 PAD) / 3 |
PAS = Pression Artérielle Systolique (mmHg) PAD = Pression Artérielle Diastolique (mmHg) |
• Signes cliniques :
• Examens complémentaires :
III. PRINCIPES DE PRISE EN CHARGE :
Le traitement en soins intensifs repose sur le remplissage vasculaire et les catécholamines en plus du traitement étiologique.
1. CHOC HÉMORRAGIQUE :
L’urgence est d’arrêter le saignement et lutter contre les conséquences létales du choc hémorragique (hypothermie, acidose, troubles de coagulation et hypocalcémie) [3][4].
- Injection précoce de l’acide tranexamique pour inhiber la fibrinolyse des caillots.
ACIDE TRANEXAMIQUE Amp 0,5 g/5 ml 1 g en IVL (10 mg/Kg), 2 à 3 fois/jour
- Tant que le saignement n’est pas contrôlé, le remplissage excessif aggrave le saignement par une dilution des facteurs de la coagulation. Il faut limiter le remplissage au strict maintien des objectifs de pression artérielle (PAS : 80-90 mmHg) en l’absence de traumatisme crânien grave.
- Il est recommandé d'utiliser en première intention les solutés cristalloïdes (NaCl 0,9%) et éviter les solutés hypotoniques (Ringer Lactate).
- Après remplissage, administrer un vasopresseur en cas de persistance d'une hypotension artérielle (PAS < 80 mmHg) [3].
- Transfusion de produits sanguins labiles (CGR, plasma, plaquettes) et de concentrés de fibrinogène. Transfusion massive pour corriger au plus vite les troubles de la coagulation.
2. DÉSHYDRATATION AIGUE :
Elle est la conséquence d’un déficit non compensé en eau et électrolytes. Selon le mécanisme physiopathologique, la natrémie peut être normale, élevée ou basse. La déshydratation survient le plus souvent chez le nourrisson et le sujet âgé. Elle peut être la conséquence de pertes digestives (diarrhée, vomissements, fistules), brûlures cutanées étendues, fièvre, canicule, diabète insipide, diurétiques, …
- Selon l’importance des pertes hydro-sodées, la déshydratation est classée légère (perte pondérale <5%), modérée (perte pondérale entre 5 et 10%) ou sévère (perte pondérale >10%).
Le traitement est urgent par l’apport d’eau et électrolytes en même temps que le traitement étiologique.
3. BRÛLURES GRAVES :
Elles sont estimées par la profondeur (1er, 2ème ou 3ème degré), le pourcentage de surface atteinte (règles de Lund et Browder ou des 9 de Wallace) et par le siège.
Formule PARKLAND pour 24 h : Volume (ml) = 4 x surface brûlée (%) x poids (kg). ½ volume pendant 8 premières heures, ¼ pendant 8 h suivantes, ¼ pendant 8 dernières heures.
4. CHOC SEPTIQUE :
Il est défini par l’association de 3 critères [6] :
Les cristalloïdes et les colloïdes ont une efficacité équivalente en association avec l’antibiothérapie et les amines vasoconstrictrices (NORADRÉNALINE de préférence). L’objectif à atteindre est une PAM > 65 mmHg et la disparition des signes cliniques d’hypoperfusion. (cf. infections courantes).
5. CHOC ANAPHYLACTIQUE (ANAPHYLAXIE) :
L’ADRÉNALINE en IM ou IV par titration est le traitement recommandé, puis cristalloïdes, qui sont non histamino-libérateurs, lorsque l’hypotension est persistante [7] (cf. Anaphylaxie).
6. LE CHOC CARDIOGÉNIQUE :
Le choc cardiogénique est caractérisé par une défaillance de la pompe cardiaque qui entraîne la chute du débit cardiaque. Le diagnostic repose sur 3 critères [8] :
Il est en rapport avec un infarctus du myocarde le plus souvent et l’angioplastie coronarienne en urgence devient impérative.
Le traitement repose sur les catécholamines (DOBUTAMINE ou NORÉPINEPHRINE).
BIBLIOGRAPHIE :
1. A. DURAND et al. : États de choc : grands cadres étiologiques, prise en charge initiale. La Revue de Médecine Interne, Volume 40, Issue 12, December 2019, Pages 799-807
2. MAJD RAMLAWI, ROBERT LARRIBAU : État de choc, approche diagnostique aux urgences. Revue Médicale Suisse, 2009; 5: 1600-5
3. JACQUES DURANTEAU et al. : Recommandations sur la réanimation du choc hémorragique. Anesthésie et Réanimation, Volume 1, Issue 1, February 2015, Pages 62-74
4. KALKWARF L. et al.: Resuscitation for hypovolemic shock. Surg Clin North Am. 2017 Dec; 97(6):1307-1321
5. SFAR : Prise en charge du brûlé grave à la phase aiguë chez l’adulte et l’enfant, recommandations 2019 (sfar.org)
6. MERVYN SINGE et al.: The third international consensus definitions for sepsis and septic shock (Sepsis-3). JAMA 2016; 315(8):801-810
7. GLOAGUEN et al. : Prise en charge de l’anaphylaxie en médecine d’urgence. Recommandations SFMU. Ann. Fr. Med. Urgence (2016) 6:342-364.
8. LEVY et al. : Prise en charge du choc cardiogénique chez l’adulte, recommandations formalisées d’experts. Réanimation (2014) 23:548-557
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Le terme d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) regroupe l’ensemble des pathologies vasculaires cérébrales d’origine artérielle ou veineuse responsables d’un déficit neurologique.
Un AVC est suspecté devant l’apparition brutale de troubles de conscience, moteurs, sensitifs, visuels, du langage (aphasie ou dysarthrie), de compréhension ou de vertiges.
On distingue :
- La distinction entre hémorragie et ischémie sur des arguments cliniques n’est pas fiable, le recours à l’imagerie par IRM ou scanner cérébral est impératif.
- Devant tout trouble de la conscience : éliminer en priorité l’hypoglycémie.
- L’exploration des artères cervicales doit être réalisée précocement devant tout accident ischémique cérébral. Celle-ci est urgente en cas d’AIT, d’infarctus mineur, d’accident ischémique fluctuant ou évolutif.
I. PRISE EN CHARGE DES AVC AUX URGENCES :
La rapidité de la prise en charge est un facteur important pour le pronostic vital et fonctionnel. Il faut considérer tout déficit neurologique brutal, transitoire (AIT) ou prolongé (AVC), comme une urgence absolue nécessitant le recours au transport médicalisé et l’orientation vers une structure d’urgence hospitalière [1][2][3].
ÉCHELLE DE GLASGOW - Total/15 | |||
Ouverture des yeux | Réponse verbale | Réponse motrice | Score |
absente | absente | absente | 1 |
à la douleur |
incompréhensible | extension stéréotypée (rigidité décérébrée) | 2 |
à la demande | inappropriée | flexion stéréotypée (rigidité de décortication) | 3 |
spontanée | confuse | retrait | 4 |
normale | orientée | 5 | |
aux ordres | 6 |
II. PRÉVENTION DES RÉCIDIVES :
BIBLIOGRAPHIE :
1. G. DULOQUIN et al. : Prise en charge de l’infarctus cérébral à la phase initiale. Rév Med Interne, 1er septembre 2021; S0248-8663(21)00590-7.
2. HAS-SANTÉ : Accident vasculaire cérébral : prise en charge précoce (alerte, phase préhospitalière, phase hospitalière initiale, indications de la thrombolyse). Mai 2009.
3. P-E. BOLLAERT et al. : Prise en charge de l’accident vasculaire cérébral chez l’adulte et l’enfant par le réanimateur. Recommandations des experts. Réanimation. Volume 19, Issue 6, Octobre 2010, Pages 471-478
4. AHA / ASA : Guidelines for the early management of patients with acute ischemic stroke. Stroke 2018 ; 49 : e46-e110.
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Une bradycardie même importante peut rester asymptomatique ou se manifester par une syncope, une faiblesse, une hypotension orthostatique, des douleurs retro sternales et/ou une dyspnée.
Diagnostic : palpation du pouls, ECG 12 dérivations.
PLAN DE L'ARTICLE :
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