Les services des urgences doivent évaluer la qualité et la charge du travail. Le nombre global des consultants est insuffisant pour justifier leur activité. Les statistiques générales des cas chirurgicaux et médicaux, le nombre d’actes effectués et le taux d’hospitalisation semblent aussi insuffisants. Les études sur les activités des services d’urgences ont nécessité la création de classification des malades de prise en charge différente. Plusieurs classifications ont été proposées et répondants aux normes requises : simplicité, rapidité, pertinence et coût peu élevé.

1) Les scores et indices de gravité en réanimation :
Divers indices ou scores ont été développés depuis 20 ans pour répondre à une exigence croissante de standardisation des procédures diagnostiques et thérapeutiques (7)(8)(11). Ces systèmes classent les malades en groupes homogènes de probabilité de mortalité hospitalière, sans tenir compte du diagnostic. Ils permettent les études épidémiologiques dans le cadre d’essais cliniques comparatives et constituent des outils de gestion et d’évaluation de l’activité des services. Du fait de leur faible sensibilité, les scores ne sont d'aucune utilité à l'échelon individuel d'un patient pour une décision de triage, admission, sortie et encore moins à une décision d'abstention thérapeutique (4).

a) Les indices de gravité non spécifiques :
L’APACHE, décrit par Knaus en 1981 (6) avec ses versions II et III, et l’indice de Gravité Simplifié (IGS) ou Simplified Acute Physiologic Score (SAPS II) décrit par Le Gall en 1983 (7), comportent des paramètres cliniques et biologiques, le calcul se fait à partir des valeurs les plus pathologiques dans les premières heures d’hospitalisation. Utilisés largement en milieu de réanimation mais leur complexité ne permet pas l’application en médecine d’urgence.
L’indice de gravité simplifié (IGS) a été privé des ses paramètres biologiques et a été remplacé par l’Indice de Gravité Simplifié Ambulatoire (IGSA) qui est proposé pour être validé en médecine d’urgence (5)(10).
b) Les indices de gravité en traumatologie :
Dont le plus simple et le plus connu est le coma score de Glasgow décrit par Teasdale et Jennet en 1974 (12), il permet l’évaluation de l'état de conscience à un instant donné et de suivre l’évolution. Ce test est reproductible d'un examinateur à l'autre. Il peut être utilisé même par des examinateurs non médecins quelle que soit leurs expériences, tels que les secourismes ou les infirmiers. Il est utilisé pour évaluer le pronostic des traumatismes crâniens.
On peut citer aussi le Trauma score et aussi l’Injury Trauma Score (ISS) avec leurs révisions. L’ISS évalue la gravité chez les polytraumatisés en fonction du siège topographique des lésions (8).

2) Classification Clinique des Malades aux Urgences (CCMU)
La classification CCMU subdivise les patients en 5 classes selon l’appréciation subjective de l’état clinique initial (6). Les deux premières incluent les malades dont l’état clinique est jugé stable, la classe III groupe les patients dont le pronostic vital n’est pas jugé engagé, les classes V et IV comprennent les malades dont le pronostic vital est jugé engagé.
Classe I : Etat lésionnel ou pronostic vital jugé stable et abstention d’acte complémentaire diagnostique ou thérapeutique aux urgences.
Classe II : Etat lésionnel ou pronostic fonctionnel jugé stable et décision d’acte complémentaire diagnostique ou thérapeutique aux urgences.
Classe III : Etat lésionnel ou pronostic fonctionnel jugé susceptible de s’aggraver dans l’immédiat, il n’engage pas le pronostic vital et la décision d’acte diagnostique ou thérapeutique aux urgences.
Classe IV : Situation pathologique engageant le pronostic vital et dont la prise encharge ne nécessite pas de manœuvres de réanimation aux urgences.

Classe V : Situation pathologique engageant le pronostic vital et dont la prise en charge comporte la pratique de manœuvres de réanimation.

3) Classification du Groupe d’Etude Multicentrique des Services d’Accueil (GEMSA)
La classification GEMSA classe les patients en 6 groupes selon leurs modes d’entrée, de sortie et la demande de soins. La charge de travail pour le personnel médical et infirmier est plus lourde pour le groupe 4 et 6 (1)(13).
G 1 : Malade décédé à l’arrivée ou avant toute réanimation.
G 2 : Patient non convoqué, sortant après consultation ou soins (petite chirurgie, consultation médicale,..)
G 3 : Patient convoqué pour des soins à distance de la prise en charge initiale (surveillance de plâtre, réfection de pansement, rappel de vaccination, CMI, …)
G 4 : Patient non attendu dans un service et hospitalisé après passage au service d’accueil. Pour ces patients une démarche diagnostique est effectuée et une thérapeutique éventuelle est initiée.
G5 : Patient attendu dans un service, ne passant au SA que pour des raisons d’organisation. Pour ces patients, il y a eu accord entre le médecin traitant et le médecin hospitalier qui le prendra en charge. Le passage au SA n’est motivé que pour faciliter la réalisation de certains examens.
G 6 : Patient nécessitant une prise en charge thérapeutique immédiate importante (réanimation) ou prolongée (surveillance médico infirmière attentive pendant au moins une heure).

4) L’Indice de Gravité Simplifié Ambulatoire (IGSA)
Appelé aussi Ambulatory Simplified Acute Physiologic Score (ASAPS), l’IGSA est un indice de gravité simplifié qui tient compte seulement des variables cliniques : l’âge, le pouls, la pression artérielle systolique, la fréquence respiratoire, la température corporelle et le score de Glasgow. Chaque paramètre est coté de 0 à 4 selon le degré de l’anomalie. Le score total est égal à la somme des points de chaque paramètre. Plus le score est élevé, plus le malade est en état grave.
Facile à calculer au lit du malade, plusieurs études sont faites pour l’évaluer (3)(5)(9)(10). Il a été révisé plusieurs fois pour sa validation finale. On peut compléter cet indice par d’autres paramètres concernant les antécédents du patient (2 points par tare), et selon les situations accidentelles (intoxications, traumatismes,..) en ajoutant 4 points.
L’IGSA basé sur des critères cliniques peut être utilisé aux services des urgences et calculé pendant les premières minutes de l’arrivée. Il permet de stratifier les patients en groupes de gravité comparable.
Ce score classe les malades en groupe de probabilité de mortalité sans tenir compte du diagnostic. Il peut être l’un des meilleurs indicateurs d’activité dans un service d’urgence.

L’intérêt de l’IGSA, voire sa pertinence, reste à démontrer par des études prospectives avec un échantillon plus grand des malades.


Bibliographie :
1. CARRERE DEBAT D., TEMPELHOFF G., HOLZOPFEL L., Groupe d’étude multicentrique du service d’accueil : Les malades graves dans un service d’accueil, Réanimation Soins Intensive Médecine d’Urgence, 1991, 7, N°4, 232.
2. FOURESTIE V, ROUSSIGNOL E., ELKHARRAT D., RAUSS A., SIMON N. : Classification clinique des malades des urgences, définition et reproductivité. Réanimation Urgence, 1994, 3, N°5, 573-578.
3. EGARD F. : Intérêt de l’indice de gravité simplifié ambulatoire (IGSA) en phase pré-hospitalière à propos de 901 patients pris en charge par le SAMU 38. Etude rétrospective sur 5 mois du 1èr Août au 31 Décembre 1995. Thèse, Faculté de médecine Grenoble, N° 5015, 1996.
4. GIRARDET P., ANGLADE D., DURAND M., DURET J. : Scores de gravité en réanimation, Elsevier - SFAR, Conférences d'actualisation 1999, p. 659-678.
5. GUARINOS A., PLOMION O., HENNEQUIN B., PELLERIN M. : Fiabilité du diagnostic en traumatologie pré-hospitalière. Intérêts et limites de l’indice de gravité simplifié ambulatoire. La Revue des SAMU, 1994, 4, 145-151.
6. KNAUS W.A., DRAPER E.A., WAGNER D.P., ZIMMEMERMAN J.E. : Apache II, a severity of disease classification system. Crit. Care Med., 1985, 13, 818-829.
7. LE GALL J.R., ALPEROVITCH A., LOIRAT PH.: Les indices pronostiques en réanimation, La Revue du Praticien, 1987, 37, 47, 2887-2894.
8. LE GALL J.R., ALBERTI C. : Indices de gravité et applications en réanimation. Encyclopédie médico-chirurgicale, Anesthésie Réanimation, 36-700-A-10, 2000
9. MAKSOUDI CH. : Les malades graves pris en charge au service des urgences. Thèse, Faculté de médecine de Sousse, 1998.
10. MENTHONNEX E., EGARD F. et coll. : L’indice de gravité simplifié ambulatoire à la phase préhospitalière. La Revue des SAMU, 1997, 1, 59-64.
11. PETIT J., DECREAU M., OKSENHENDLER G. : Utilisation des indices en médecine d’urgences : Quel outils pourquoi faire ? La revue des SAMU, 1994, 4, 129-137.
12. TEASDALE G., JENNET B. : Assessment of coma and impaired consciousness. A practical scale, Lancet, 1974, 2, 81-84.
13. THEMPELHOFF G. et Coll. : Proposition d’une classification des patients et relation à la charge de travail, Réanimation Soins Intensive Médecine d’Urgence, 1990, 6, N°7, 459-463.

 

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En médecine préhospitalière, l'évaluation de la gravité d'un traumatisme chez l'enfant doit être faite rapidement. Outre les circonstances de l'accident, l'utilisation d'un score doit être rapide et simple, permettant de transmettre un bilan traumatique initial, d'orienter l'enfant et de prévenir le site d'accueil.
Les scores les plus utilisés chez l'enfant sont le score de Glasgow (GCS), le Pediatric Trauma Score (PTS) et le Revised Trauma Score (RTS). Calculez en ligne


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Facteurs prédictifs des complications du sevrage chez l'alcoolodépendant. Ce score est à établir au moment de l'admission et à joindre au dossier médical du patient. Il s'agit d'un élément de surveillance clinique lors de l'hospitalisation ou la mise sous observation. Calculez


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Décrit par Jennett et Teasdale (5) en 1974, l’échelle ou score de Glasgow (Glasgow coma scale, GCS) permet l’évaluation de l'état de conscience à un instant donné et de suivre l’évolution. Ce test est reproductible d'un examinateur à l'autre. Il peut être utilisé même par des examinateurs non médecins quelle que soit leurs expériences, tels que les secourismes ou les infirmiers.

La mesure de la profondeur du coma est faite à l'aide du score de Glasgow.

Trois paramètres à tester (Seule la meilleure réponse est notée) :

  • Ouverture des yeux (Y), notée de 1 à 4
  • Réponse verbale (V), notée de 1 à 5
  • Réponse motrice (M). notée de 1 à 6

Le total du GCS est noté sur 15.

  • Sujet normal (valeur maximale 15),
  • Sujet en coma profond (valeur < 8),
  • Troubles de la conscience (<15 et >8).

La valeur minimale du score est 3.

L'évaluation du GCS doit être répétitive, elle est le moyen le plus sûr pour surveiller l'évolution de l'état du patient en fonction du temps.

 Téléchargez en PDF :  Le texte de cet article avec les tableaux du score Glasgow et l'échelle de Liège en PDF

 

EVALUATION DIFFICILE DU SCORE DE GLASGOW :

Les études de validité de l'échelle de Glasgow ont montré une reproductibilité correcte de l'évaluation de l'état de conscience d'un examinateur à l'autre, et même pour des examinateurs non médecins tels que les « paramedics » ou les infirmières. Cependant, quelle que soit la formation de base de l'examinateur, ces évaluations nécessitent toujours une formation précise préalable.

Dans l'immense majorité des cas, c'est l'évaluation de la réponse motrice qui reste l'élément le moins reproductible : type de stimuli douloureux utilisé (pression sur l'ongle ou sur les sourcils est recommandée), position du membre ou enfin difficulté d'appréciation de la différence entre retrait et flexion inadaptée.

  • Mouvement stéréotype : répéter ses gestes, ses expressions sous une forme invariable, de façon quasi automatique. on dit :
  • Flexion stéréotypée de l'avant bras à la stimulation douloureuse (signe de lésion corticale).
  • Extension stéréotypée et rotation interne des membres supérieurs à la stimulation, les paumes des mains se tournent vers l'extérieur (signe de décérébration).

Par ailleurs, l'introduction d'agents anesthésiques, sédatifs ou paralysants, pour la prise en charge du patient altère bien entendu la qualité de l'évaluation du score de Glasgow. La prise en compte de ces thérapeutiques dans le score attribué au patient est diverse selon les équipes, certains attribuant un score empirique, d'autres le dernier score obtenu avant sédation, ou enfin supprimant certaines réponses de l'évaluation du score.
- Puisque l'on s'intéresse à l'évaluation de l'état de conscience et non à l'état neurologique dans son ensemble, il est important tout d'abord d'éliminer un déficit neurosensoriel ou une altération périphérique de la commande : surdité, cécité, tétraplégie, en particulier. 
- De la même façon, pour évaluer la réponse verbale, il faut bien entendu que le sujet ait été capable au préalable de s'exprimer verbalement, dans un langage compréhensible par l'examinateur. Ceci élimine une évaluation correcte d'un patient ne parlant aucune langue commune avec l'examinateur ou à l'inverse d'un enfant en âge préverbal.
- De la même façon, lorsqu'il existe une asymétrie de la réponse motrice, on choisit toujours la meilleure réponse motrice pour la cotation du score de profondeur de coma.
- Enfin, il faut rappeler que cette évaluation n'est qu'une description de la profondeur du coma, et que l'examen neurologique complet ne saurait en aucun cas se limiter à cette évaluation. En effet, on constate d'emblée que le score de coma de Glasgow ne prend aucunement en compte d'autres éléments essentiels de l'examen neurologique immédiat d'un patient dans le coma tels que l'examen de la réactivité des pupilles, l'examen du tonus musculaire.

Cette échelle de coma de Glasgow amène encore quelques commentaires : 

  • Le premier est que l'évaluation de l'altération de conscience se fait sur une échelle de 3 à 15, mais que l'on ne définit le coma que pour un score inférieur ou égal à 8. 
  • Ainsi par exemple, un sujet avec une réponse motrice volontaire sur commande, une ouverture spontanée des yeux, mais une réponse verbale incohérente, ne peut être considéré comme étant dans le coma. Il s'agit donc plus précisément d'une échelle d'altération de l'état de conscience plus qu'une échelle de coma.

- Le deuxième commentaire, plus trivial, est que tout sujet mort a par définition un score de Glasgow égal à 3. Il ne faut pas cependant conclure qu'un score de Glasgow égal à 3 témoigne du décès du patient !!! 
(Clavier N., Conférences d'actualisation SFAR 1997)(1)

Ouverture des yeux :
- Victime en coma profond, muscles oculaires flasques mais les yeux restent ouverts si les paupières sont levées. 
- Ouverture spontanée d’une victime alerte.
- Gonflement sévère des paupières après blessure faciale. Considérer le résultat comme vous le feriez normalement mais ajouter une note expliquant les effets de la blessure.
- La victime ouvre les yeux mais n’est pas consciente de l’environnement.

Réponse verbale :
– Son altération peut résulter de la seule lésion de la zone langagière dans l’hémisphère dominante. Utiliser, dans ce cas, des instructions écrites et des réponses écrites pour évaluer l’habileté langagière.
– Difficultés d’évaluation si la victime est sévèrement sourde ou si elle ne parle pas votre langue couramment.
– Problèmes avec les bébés, jeunes enfants, et victimes ayant subi une trachéotomie ou une intubation.

Réponse motrice :
- Si les 2 côtés du corps présentent des réponses différentes, enregistrer les 2 résultats. Cela peut vouloir signifier qu’il y a un dysfonctionnement localisé ou diffus de la fonction cérébrale. Le côté présentant la réponse la plus altérée permet (souvent) de localiser le côté du dommage cérébral localisé. Le degré de meilleure réponse du meilleur côté sera la meilleure indication concernant l’étendue de la dépression générale de la fonction cérébrale.
- L’échelle de réponse à la douleur concerne les mouvements de bras. Ceux des jambes sont plus limités dans l’espace mais peuvent se produire sur la base du réflexe spinal d’évitement chez certaines victimes pour lesquelles on observe pourtant une absence totale de fonction cérébrale.

IL FAUT DIFFERENCIER DU COMA :
* les états végétatifs persistants et permanents, 
* les états de mutisme akinétique, 
* les états de réponse minimale, 
* le locked-in syndrome. 
Ces états d'altération chronique de la conscience ou de son expression sont spécifiquement différenciés du coma qui ne comporte pas de cycle veille/sommeil, à l'inverse de tous ces autres états.

1. Clavier N.: Évaluation clinique et paraclinique d'un coma, Conférences d'actualisation SFAR 1997, p. 417-28.
2. Orliaguet G. : L'enfant polytraumatisé, Impact Médecin Hebdo, n° 301 du 24/11/1995.
3. Schmitt P. : Glasgow, échelle de tous les comas, Généraliste FMC n° 1767 du 11/04/1997
4. Simpson DA, Cockington RA, Hanieh A, Raftos J, Reilly PL.: Head injuries in infants and young children: the value of the paediatric coma scale. Child's Nerv Syst 1991;7:183-90

5. Teasdale G., Jennett B.: Assessment of coma and impaired consciousness: a practical scale. Lancet 1974, 81-4

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