Présentes toute l’année mais plus particulièrement durant la saison chaude (mai – septembre). Les piqûres de vives sont des accidents fréquents mais peu documentés.
I. Quatre principales espèces de morphologie peu différente :
- Grande vive (Echiichtys draco) demeurant sur les côtes de l’atlantique et de la mer noire.
- Petite vive (Echiichtys vipera) répartie le long des côtes atlantiques et méditerranéenne dont la taille ne dépasse pas 15 cm.
- Vive araignée (Echiichtys araneus) résidant en mer Méditerranée et retrouvée aussi sur les côtes atlantiques.
- Vive léopard (Echiichtys radiatus) vivant le long des côtes ouest africaines.
II. Appareil venimeux :
Les toxines les plus abondantes sont la dracotoxine et la trachinine, la première provoquant la destruction des érythrocytes et la nécrose, la seconde a une activité neurotoxique. D'autres substances sont retrouvées comme la phosphatase, la protéinase, la sérotonine et l'histamine, responsables des signes locaux et généraux.
Les toxines des vives sont thermolabiles c’est-à-dire inefficaces à haute température.
III. Circonstances de l’envenimation :
Les vives sont enfouies dans le sable, quasiment invisibles, ne laissant apparaitre que leurs épines dorsales et le sommet de leur tête. Contrairement à beaucoup d’espèces, les vives ne cherchent pas à fuir lorsque l’homme s’approche d’elles, mais au contraire, elles sont agressives et passent à l’attaque.
Accidentellement, le nageur pose sont pied sur le poisson et il sera piqué. Dans d’autres circonstances, les pécheurs sont piqués en retirant une vive d’un hameçon ou d’un filet. Même morte la vive reste dangereuse.
À noter que ces poissons sont appréciés et consommables après l’enlèvement de leurs épines.
IV. Manifestations cliniques :
Les piqûres surviennent habituellement aux pieds ou aux mains, exceptionnellement au tronc. Elles entrainent une douleur intense qui s’intensifie avec le temps et qui dure plusieurs heures ou jours.
Les signes cutanés :
- Plaie punctiforme visible, qui se nécrose par la suite et devient noirâtre. La surinfection ultérieure est possible. Il faut chercher toujours une épine plantée dans la peau.
- Signes inflammatoires évolutifs : rougeur et œdème locorégional.
Les signes généraux sont variables :
- Le blessé est souvent anxieux et agité. La panique ou un choc vagal peuvent entrainer une noyade.
- Plus rarement : sueurs, nausées, vertiges, hypotension, tachycardie, fièvre, arthralgies, arythmies cardiaques, convulsions et parfois choc anaphylactique.
- Quelques décès sont rapportés dans la littérature suites à des complications infectieuses ou cardiaques.
V. Conduite à tenir :
Une piqûre de vive est une urgence à traiter rapidement.
- Le venin des poissons est thermolabile (détruit par la chaleur). Le choc thermique est recommandé par plusieurs auteurs.
- Immersion dans l’eau chaude (40 – 45°c) pendant 15 minutes ou appliquer des compresses chaudes.
- À défaut, utiliser l’air chaud d’un sèche-cheveux.
- La cigarette incandescente a été citée par certaines sources non médicales, elle peut provoquer une brûlure supplémentaire, donc à éviter.
- Nettoyer et désinfecter soigneusement la plaie, enlever les épines si possible.
- Traitement de la douleur en fonction de l’EVA : antalgiques, opioïdes et au besoin la Morphine IV en titration (aux urgences).
- Certains auteurs préconisent des anti-inflammatoires AINS, des corticoïdes, de la Lidocaïne et/ou des antihistaminiques.
- L'hospitalisation est parfois nécessaire.
- Les antibiotiques à prescrire seulement si signes de surinfection.
- Vérifier toujours le statut vaccinal du patient, vaccin antitétanique si nécessaire.
BIBLIOGRAPHIE :
- DATTIN A. et al. : Envenimation par piqûre de vive sur le littoral français : le traitement de la douleur par bain d’eau chaude isolé est-il efficace? Toxicologie Analytique et Clinique, Volume 28, Issue 3, September 2016, Pages 243-244
- M. CHINELLATO, M.M. SAVELLI : Une piqûre de vive de localisation inhabituelle. Ann. Fr. Med. Urgence (2015) 5:59-60
- CENTRE ANTIPOISON BELGE : les vives (Centreantipoisons.be)
- GIOVANNI PAOLINO et al. : Venomous Bites, Stings and Poisoning by European Vertebrates as an Overlooked and Emerging Medical Problem: Recognition, Clinical Aspects and Therapeutic Management. Life, 2023, 13 (6), 1228 ; doi.org/10.3390/life13061228
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