La colchicine est un alcaloïde qui agit en se fixant de manière réversible mais prolongée (demi-vie 20 h) à la tubuline, empêchant sa polymérisation en microtubules. Cette action est responsable d’une action cytostatique avec inhibition de nombreuses fonctions cellulaires en particulier en agissant sur l’inflammation.

Indications : 

  1. traitement de la crise de goutte et prophylaxie des accès aigus chez le goutteux chronique notamment lors de l'instauration du traitement hypo-uricémiant,
  2. chondrocalcinose articulaire,
  3. maladie de Behçet.
  4. péricardite aiguë idiopathique en association aux traitements anti-inflammatoires conventionnels (AINS ou corticoïdes), à l’exclusion des péricardites post-opératoires de chirurgie cardiaque.
  5. Il a été proposé pour le traitement de Covid-19 à cause de ses propriété antiinflammatoires mais ceci n'a pas été prouvé.
  • Contre indications : insuffisance hépatique ou rénale (attention si âge >75 ans).

L'intoxication aiguë à la colchicine est rare mais potentiellement grave.

Il faut distinguer 2 situations :

  • Le surdosage se manifeste par des signes digestifs (diarrhée profuse et vomissements) qui peuvent induire une déshydratation. La colchicine est éliminé par voie hépatique et rénale, le risque de surdosage est possible chez le sujet âgé >75 ans avec fonctions rénales ou hépatiques altérées. L’association avec d’autres médicaments tels que les Macrolides, la Pristinamycine, la Ciclosporine augmentent sa toxicité.
  • L’intoxication par l’ingestion de forte dose de colchicine : la dose maximale est 3 mg/jour chez l'adulte. À une dose >0,5 mg/kg il y a risque d’atteinte multiviscérale avec défaillance cardiaque, respiratoire, hépatique, neurologique et hématologique.

- Les facteurs pronostiques usuels sont la dose supposée ingérée, l'élévation des leucocytes et la baisse du taux de prothrombine à la 24ème heure ainsi que l'apparition d'un choc cardiogénique ou d'un syndrome de défaillance respiratoire aiguë avant la 72ème heure.
- Le traitement est symptomatique en milieu de réanimation.

L'intoxication par une plante nommée COLCHIQUE, SAFRAN DE PRÈS ou COLCHICUM AUTOMNALE.

   

 COLCHICUM AUTOMNALE

Ses graines contiennet du colchicine. La colchique fait de jolies fleurs en fin d'été début automne.

Elle a normalement six pétales, parfois plus, de couleur rose-violet ou blanche et ses étamines sont jaunes. Les feuilles renferment 0,07 à 2% de colchicine, les graines 0,3-0,8% et les fleurs 0,1%

 CROCUS SATIVUS

À ne pas confondre : cette plante n'est pas toxique. Elle est à l'origine de l'épice SAFRAN (ou Zaafrane), épice très chère utilisée en cuisine orientale. Il faut environ 150.000 fleurs pour obtenir 1 kg d'épice.

 TRAITEMENT DE LA CRISE DE GOUTTE :

Lorsque l’acide urique est élevé (>420 µmol/L)(>70 mg/L) des microcristaux d’urate se forment et s’accumulent au niveau des articulations, plus fréquemment au gros orteil, la cheville ou le genou et beaucoup plus tardivement les articulations des doigts et les poignets. L’articulation touchée est gonflée, rouge et très douloureuse. La réaction inflammatoire dure quelques jours puis s’arrête d’elle-même en laissant des nodules blanchâtres indolores (tophus ou tophi au pluriel).
Le traitement de la crise de goutte comprend :

  • Immobiliser l’articulation et appliquer une poche de glace,
  • Anti-inflammatoires AINS (sauf l'aspirine) et antalgiques palier 1, 2 ou 3 selon l'itensité de la douleur,
  • Modification du régime alimentaire et notamment la suppression des boissons alcoolisées,
  • La Colchicine est efficace si prescrite précocement (avant la 12ème heure). La dose recommandée par la Société française de rhumatologie en 2020 : 1 mg puis 0,5 mg une heure plus tard, puis 0,5 mg X 2 ou X 3/jour les jours suivants.

En 2016, l'ANSM (Agence nationale française de sécurité des médicaments et des produits de santé) rappelle aux professionnels de santé la nécessité de respecter les indications, les contre-indications et les interactions des médicaments à base de colchicine (COLCHICINE OPOCALCIUM® et COLCHIMAX® comprimés, dosés à 1 mg de colchicine par comprimé).

En effet, plusieurs cas d'effets indésirables graves liés à des interactions médicamenteuses ayant entraîné des surdosages en colchicine ont été rapportés. On a signalé une patiente traitée par COLCHIMAX et décédée quelques jours après avoir débuté un médicament macrolide à base de CLARITHROMYCINE.

  EN PRATIQUE : 

En raison de sa marge thérapeutique étroite, la colchicine est soumise à de nombreuses interactions et contre-indications. Il est recommandé aux prescripteurs :

  • De se référer au RCP (résumé des caractéristiques du produit) des spécialités à base de colchicine avant toute prescription d'un autre médicament pour évaluer le risque d'interaction.
 Précautions en cas d'association avec autres médicaments  
Contre indiqués

Macrolides : Télithromycine, Azithromycine, Clarithromycine, Érythromycine, Josamycine, Midécamycine, Roxithromycine et Pristinamycine. (la Spiramycine n'est pas inclue)

Ces antibiotiques diminuent le métabolisme de la colchicine et augmentent sa concentration plasmatique, aboutissant à un surdosage avec effets toxiques.

Déconseillés  Ciclosporine, Vérapamil, Inhibiteurs des protéases
Avec précautions AVK, Inhibiteurs de l'HMG-CoA réductase
  • De respecter strictement les contre-indications et l'adaptation posologique chez les sujets âgé, insuffisant rénal (contre-indication chez le sujet insuffisant rénal sévère, dont la clairance de la créatinine est inférieure à 30 ml/min) ou hépatique (contre-indication chez le sujet insuffisant hépatique sévère);
  • D'être attentif aux premiers signes d'un surdosage : nausées, vomissements, diarrhées profuses.
  • En cas d'apparition de signes de surdosage, il faut arrêter la colchicine ou réduire sa posologie, contrôler la NFS (numération formule sanguine), les plaquettes, l'ionogramme et la fonction rénale.
  • Dans le traitement au long cours, la posologie de 1 mg par jour ne doit pas être dépassée du fait d'un risque d'accumulation tissulaire et de toxicité.

POUR EN SAVOIR PLUS :

  • W. Picard & Coll. : Défaillance multiviscérale mortelle vraisemblablement induite par un surdosage chronique de colchicine, Journal Européen des Urgences, Vol 20, N°1, mars 2007, pp. 7-10
  • M. Idrissi, Intoxication par la colchicine, centre anti-poison du Maroc
  • VIDAL actualités 2016 : colchicine opocalcium et colchimax : information de sécurité de l'ansm
  • AUGUSTIN LATOURTE : Recommandations 2020 de la société française de rhumatologie pour la prise en charge de la goutte. Revue du Rhumatisme. Volume 87, Issue 5, October 2020, Pages 324-331

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