Principales réactions cutanées observées à la mer :
Les risques du soleil et chaleur : coup de soleil, coup de chaleur
- Les infections cutanées estivales : mycosiques et bactériennes
- Les dermatoses provoquées par les animaux marins
1. COUP DE SOLEIL, COUP DE CHALEUR :
La brûlure solaire provoque la libération dans les tissus de médiateurs de l'inflammation: rougeur, chaleur, douleur. Le premier stade de l'inflammation se manifeste par une rougeur plus ou moins douloureuse. La rougeur disparaît à la pression. Localement, cette inflammation peut produire un œdème par passage de liquide (exsudat) des capillaires sanguins vers les tissus. Cet œdème peut, pour des brûlures plus graves, provoquer la formation de cloques, ou bulles, remplies d'un liquide transparent.
L'inflammation disparaît naturellement en 24 à 72 heures selon l'intensité de la brûlure et le type de carnation. Les bulles mettent plus de temps à se résorber, en fonction du volume de liquide qui doit être réabsorbé par les tissus.
Sous l'effet de la chaleur, les vaisseaux sanguins superficiels se dilatent et peuvent même éclater. Ce phénomène est fréquent sur les cuisses et les jambes, notamment chez les femmes ayant une peau fine, une carnation claire et surtout une insuffisance veineuse superficielle (I.V.S.) préexistante. En cas d'I.V.S., il est recommandé d'éviter une exposition directe prolongée aux rayons UV.
La Douleur se situe sur la zone brûlée (coups de soleil). Elle se manifeste en général par une sensibilité au toucher (contact avec les vêtements, les draps...). Elle peut être gênante lors du sommeil (appui sur les zones brûlées). Elle est due à la conjonction de l'œdème en profondeur et du dessèchement en surface. L’œdème fait gonfler la peau, le dessèchement provoque au contraire sa rétractation. Les couches superficielles de la peau subissent donc une douloureuse tension. Cette douleur disparaît le plus souvent en 24 heures, lorsque l’œdème diminue et que la peau se réhydrate naturellement. CAT : L'application d'une crème hydratante permet de supprimer cette douleur.
Céphalées et fièvre sont liées à la libération massive d'agents inflammatoires à cause de la brûlure solaire. La fièvre provoque une plus grande perte d'eau par sudation. Il peut y avoir alors risque de déshydratation, notamment chez les enfants (et encore plus chez un nourrisson). En cas de fièvre consécutive à un coup de soleil, il faut donc boire par petites gorgées, beaucoup d'eau froide. Même si l'on n'a pas soif. Fièvre et maux de tête se résorbent généralement en quelques heures. La prise d'un médicament antalgique et antipyrétique comme l'aspirine, le paracétamol ou l'ibuprofène, permet de les éviter. Il est recommandé de prendre un tel médicament dès l'apparition des maux de tête ou de la fièvre, ou mieux lorsque l'on constate un coup de soleil intense ou étendu.
Si la température dépasse 40°C, surtout chez un enfant, il est préférable de diriger l’enfant aux urgences. Les vomissements sont un signe de gravité. Ils sont la conséquence d'une hyperthermie sévère. Il faut refroidir l'ensemble du corps: prendre des bains 2°C en dessous de la température du corps, ne pas se couvrir (pas de couverture, vêtements légers...).
2. SUDAMINA ET MILIAIRES CUTANÉES :
Transpiration excessive et obstruction des canaux sudorifères Miliaire cristalline (sudamina) : Obstruction très superficielle, Vésicules claires, petites, non prurigineuses.
Miliaire rouge (Bourbouille) : Papulo-vésicules rouges, prurigineuses, Zones de friction, plis de flexion.
CAT : douches fréquentes, antiseptiques, pas de crèmes ou pommades.
3. PIQUIRES ET MORSURES VENIMEUSES :
Les victimes sont les baigneurs, les plongeurs ou les pêcheurs. Manifestations cutanées locales, réactions générales sévères ou fatales, état de choc, noyade par paralysie momentanée (venin). Elles sont dues aux : biotoxines libérées par les coelentérés (méduses et anémones de mer), aux piqûres d’oursins (réaction immédiate ou retardée) ou à des mycobactéries (piscines aquarium).
a) RÉACTIONS AUX MÉDUSES :
- Réactions locales : douleur instantanée. Réaction urticarienne linéaire : quelques minutes à quelques heures. Lésions vésiculeuses, hémorragiques, nécrosantes.
- Complications :
- Angio-œdème, rechutes quelques mois après piqûre, Réaction retardées (4 à 7 jours après piqûre), Réaction à distance.
- Séquelles locales : chéloïde, dyschromie, atrophie, cicatrice, gangrène
- Réactions systémiques : Asthénie, ataxie, crampes musculaires, malaise, vomissement
- Réactions fatales: toxiques, arrêt cardio-respiratoire, insuffisance rénale, choc anaphylactique.
CAT : frottez doucement la zone touchée avec de l’eau et du sable pour retirer les filaments.
b) RÉACTIONS AUX ANÉMONES DE MER : Anémonia Sulcata
- Aspect : lésions érythémato-œdémateuses figurées, vésiculeuses, bulleuses nécros antes, œdème souvent très important
- Dans les formes graves, manifestations systémiques : malaise, faiblesse et crampes musculaires
Séquelles dyschromiques ou cicatricielles : constantes++
Traitement des réactions aux méduses et aux anémones de mer :
- Traitement local : Laver abondamment à l’eau salée (eau de mer ou sérum physiologique), vinaigre, alcool, ammoniac, eau chauffée. Si visage : compresses d’eau chaude (éviter l’eau froide qui active les nématocystes). Enlever les tentacules: à la main protégée, en frottant avec talc, farine, sable ou au couteau pointu. Appliquer des anesthésiques locaux et dermocorticoïdes.
- Traitement systémique : analgésiques, corticostéroïdes, antihistaminiques, épinéphrine (adrénaline) si choc anaphylactique,
c) RÉACTIONS AUX OURSINS DE MER :
- Réactions immédiates : A la pénétration de l’épine, douleur vive immédiate (brûlures) qui dure quelques heures. Rougeur et œdème de la zone atteinte. Saignement important. Torpeur, douleurs musculaires.
Traitement des réactions immédiates aux oursins : exérèse immédiate et complète des épines (priorité), appliquer l’eau chaude à la limite de tolérance.
- Réactions retardées : Peuvent démarrer 2 à 3 mois après le 1er contact. Elles sont nodulaires ou scléro œdémateuses «granulomes d’oursins de mer» ayant l'aspect de nodules de couleur brunâtre ou rouge noirâtre de 0,5 à 2 cm de diamètre.
Traitement : infiltrations locales de corticostéroïdes
- Traumatismes répétés chez les pêcheurs et les plongeurs secondaires à la pénétration des épines provoquent un lymphœdème chronique (traumatique professionnel des mains). Oedème dur persistant du dos des mains et avant-bras. Evolution chronique même après arrêt de l’activité professionnelle.
d) RÉACTIONS AUX POISSONS :
Les poissons venimeux en Méditerranée :
Rascasse |
Raie |
- les condroitti (cartilagineux) : raie
- les osteoitti (osseux) : vive [ou tachinidae], rascasse, murène [muraenidae]
Par contact le plus vraisemblable : raie et vive
Poissons des fonds sablonneux, vivent à demi cachés sous le sable et piquent par leurs épines si foulés par inadvertance ou si manipulés maladroitement.
Signes généraux : Douleur constante féroce, diffuse à tout le membre en quelques minutes et dure 24 à 48H. Malaise, lipothymie, vomissement. Blessure légère faussement rassurante.
Le type de blessure permet l’identification de l’espèce : les raies donnent une blessure extensive, lacérée qui siège aux jambes ou voûtes. Les vives donnent une blessure punctiforme et saignante qui siège aux pieds ou aux mains.
Dans tous les cas : douleur suivie par une réaction inflammatoire. Nécrose ischémique, pâleur, cyanose et bulles séro-hématiques. Manifestations systémiques : angoisse, tachycardie, hypotension, dyspnée, vertiges, paresthésies, spasmes musculaires, convulsions, délire.
- Traitement des réactions aux épines de poissons : Laver à l’eau salée, débrider la blessure, enlever les épines. La toxine est thermolabile. Baigner la lésion dans l’eau chaude 30 à 90 min (maintenir la T°c à 45°c). Compresses chaudes si visage ou corps atteint. Traitement systémique dans un centre d’urgence.
e) RÉACTIONS AUX BACTÉRIES MARINES :
- Aspect : nodules sous-cutanés, extension en chapelet (f. sporotrichoïde)
- Evolution : se fait vers l’ulcération.
- Traitement des réactions aux bactéries marines, en mono ou poly thérapie : Minocycline, Rifampicine, Sulfaméthoxazole, Tétracycline, Isoniazide
CONCLUSION
Les dermatoses de la mer réalisent des tableaux cliniques variés.
Réactions cutanées le plus souvent limitées.
Manifestations systémiques parfois fatales.
Importance d’un diagnostic rapide et précis.
Prise en charge thérapeutique immédiate.
© Pr Mohamed Denguezli - Dermatologue, Sousse (Tunisie)
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